L'ouvrage se propose de d'etudier le passage du concept de melancolie du discours medical ou il apparait originairement a son utilisation litteraire. Comment se fait-il qu'un terme designant une pathologie proche de la folie, marquee par le mutisme et l'egarement, l'exclusion radicale hors du monde du langage et de la communication, soit devenu un concept clef servant a caracteriser la situation d'enonciation de l'ecrivain romantique? Ecartant les significations modernes du terme, l'enquete, menee dans une perspective rigoureusement historique, porte sur une serie d'oeuvres qui rendent manifeste l'articulation problematique d'une valorisation philosophique ou poetique de la melancolie avec sa semantique pathologique: apres les textes canoniques ayant contribue a donner au terme ses acceptions non medicales (le Probleme XXX,1 et le De Vita de Ficin), entreprise dont sont soulignes les aspects contradictoires, et quelques oeuvres qui jalonnent le developpement d'une interpretation autre de la melancolie (la Lettre a Damagete, le Secretum de Petrarque ou le Misanthrope de Moliere), deux textes de la fin du XVIIIe siecle sont analyses comme embleme de l'emergence d'une ecriture melancolique, les Lettres a Malesherbes de Rousseau et Rene de Chateaubriand. Deux oeuvres majeures du romantisme considerees dans leur integralite peuvent alors etre interpretees dans la perspective d'une problematique de l'enonciation melancolique, celles de E.T.A. Hoffmann et de Theophile Gautier.