Souvent encore une enfant, elle est deja mere. A qui la faute ? Dans cet acte necessitant pourtant deux personnes, un homme et une femme, seule une des deux semble etre coupable, ce qui fait d'elle la victime d'une injustice sociale. Etre enceinte, porter la vie, de quelque maniere que cela se soit produit, est-ce un crime ? Qu'est-ce qui est reproche a l'adolescente-mere ? D'avoir eu des rapports sexuels en dehors du sacrement de mariage ou d'avoir precocement concu ? Ne faudrait-il pas etablir une distinction entre le peche (les rapports sexuels hors mariage) et le pecheur (l'adolescent(e), un individu ayant droit au respect), entre l'ideal et le reel ? La maternite precoce est un probleme pour l'Eglise comme pour la societe. L'anthropologie africaine, nawda, apporte des reponses. Pour elle, la femme enceinte est sujet de sollicitude et l'enfant, kwagdibiga, est un etre sacre. N'est-ce pas un defi pour l'Eglise-Famille de Dieu, de replacer au centre de sa reflexion et de sa pastorale la dignite de tous, y compris celle de la femme precocement mere, valeur de l'Evangile souvent oubliee ? Plus que tout autre, la femme africaine est appelee a penser les defis de la maternite precoce. D'ou le devoir de se debarrasser d'un feminisme clone ou mimetique peu adequat, dans une societe africaine ou la maternite et la fecondite semblent encore conditionner l'existence des femmes, mais aussi ou l'emergence de la femme semble peu acquise.