Imaginez que l'on puisse un jour detecter le risque de cancer du sein ou de l'ovaire dans vos genes...Malgre les avancees de la recherche et de la prise en charge, le cancer continue a representer une menace, voire une fatalite. Pour certaines familles dans lesquelles les femmes sont atteintes du cancer du sein ou de l'ovaire sur plusieurs generations, il finit par generer une angoisse difficilement supportable. Et si l'on pouvait detecter le risque de cancer dans nos genes ? C'est precisement l'objectif du test BRCA qui a recemment ete mis au devant de la scene. Ce livre vous emmene sur le cheminement des patients curieux de connaitre leur statut genetique afin d'anticiper le risque de cancer. Il decrit les consultations d'oncogenetique afin de les rendre moins dramatiques et angoissantes, mais il interroge aussi et surtout les multiples dimensions psychologiques et ethiques qui entrent en jeu dans l'analyse genetique. Les patients, porteurs ou non de la mutation, sont mis a rude epreuve et le lecteur comprendra, a travers les situations decrites, quel impact une telle analyse peut avoir sur la vie du patient.Ce livre interroge, au moyen d'exemples concrets, les dimensions psychologiques et ethiques de l'analyse genetique.EXTRAITUne autre distinction existe entre penser et savoir que l'on a un risque. Les consultantes issues de familles aux nombreux cancers du sein et des ovaires expliquent que le fait d'apprendre qu'elles ont une mutation BRCA ne changera rien a leur vie, dans la mesure ou la notion de risque familial de cancer est integree de fait : les cancers sont tellement presents, parfois sur des generations et chez plusieurs personnes d'une meme generation, qu'il faut bien se rendre a l'evidence que le risque de cancer existe. Mais tant que l'analyse genetique n'est pas realisee, tant que le resultat n'est pas connu, ce risque concerne indifferemment toutes les femmes de la famille. Une fois le resultat rendu, certaines apprennent qu'elles ont effectivement le risque, d'autres qu'elles y ont echappe. Et c'est ce qui fait toute la difference : la presence ou l'absence de la mutation qui donne le risque de cancer modifie la position identitaire de la personne. Ce n'est pas la meme chose de considerer que l'on a un risque de cancer parce que dans la famille les cancers sont nombreux, ou de savoir de facon formelle que l'on a ce risque. Certaines femmes se montrent d'ailleurs tres destabilisees en apprenant qu'elles ont la mutation, alors que tout - les cancers qu'elles avaient eus, dans un contexte familial evocateur - laissait penser qu'elles avaient cette mutation. Ce qui ne devait etre qu'une confirmation devient une revelation a laquelle elles ne s'attendaient pas : on peut vouloir savoir, mais ne pas pouvoir entendre. Nous voyons la le fosse entre le raisonnement rationnel, base sur la preuve scientifique, et les arrangements fantasmatiques dont la genetique est familiere.A PROPOS DE L'AUTEURHelene Chaumet est psychologue clinicienne aux Hospices Civils de Lyon, et a 15 ans de pratique a son actif. Une grande partie de son temps est consacree aux prises en charge psychotherapiques au long cours. Au fil de son parcours professionnel, elle a participe a diverses formations, elaborations entre collegues et groupes de travail, notamment au sein de l'Association des Psychologues Cliniciens en Milieu Medical.